La question du temps est aussi vaste qu’insaisissable et obsédante.
La découverte de la figuration narrative, considérant que l’art pouvait être un outil de transformation sociale, associé à celle des travaux d’artistes conceptuels comme Roman Opalka et On Kawara ont été des éléments importants et décisifs dans mon travail artistique.
L’immédiateté de notre société semble aller de pair avec une certaine forme d’oubli, d’amnésie.
La question que je souhaite donc traiter en réalisant des œuvres figuratives à l’aide d’un tampon dateur est celle de la mémoire, et plus encore de la transmission. Car chaque empreinte déposée sur la toile produit un semblable à partir d’un original. Mais au-delà d’une ressemblance, elle nous offre un souvenir et, finalement, une mémoire. Elle peut, si l’on prend le temps, nous dévoiler plus que ce qu’elle nous donne à voir.
Sans pour autant nier le caractère esthétique de l’image représentée sur la toile, la réalisation de ce travail à l’aide d’un tampon dateur me permet d’aller au-delà : réinscrire ces événements, ces images iconiques dans leur contexte historique. Il s’agit donc, en appliquant inlassablement une date identique, une même empreinte, d’inscrire la trace d’une histoire collective dont il est nécessaire de se remémorer et de transmettre.
Appréhender le passé pour comprendre le présent et se prémunir d’éventuelles erreurs du futur.